La réforme du système éducatif, catalyseur du développement en Egypte

Hanaa Khachaba Nevine Ahmed Dimanche 01 Septembre 2019-11:55:33 Dossier
La réforme du système éducatif, catalyseur du développement en Egypte
La réforme du système éducatif, catalyseur du développement en Egypte

L’éducation est un droit fondamental et le socle du progrès dans tous les pays. Les sociétés aspirant au développement ont ainsi besoin de prendre soin de leur système éducatif pour offrir un bon départ au processus de développement. Une réalité est sûre : les pays prospères sont tributaires d’une main-d’œuvre qualifiée et instruite. Le développement durable commence inéluctablement par l’éducation considérée comme un moyen indispensable pour les individus de réaliser leurs capacités.

La prise de conscience éducative de l’Egypte sous le Président Al-Sissi n’est plus à contester. La réforme de son système éducatif est depuis des années dans la visée des autorités politiques. Le secteur de l’enseignement fait l’objet depuis 2014 de nombreuses tentatives de réformes afin de réaliser plusieurs objectifs. Améliorer la qualité de l’éducation et combler le manque d’enseignants qualifiés étaient les principaux défis, entre autres.

Le lecteur averti comme le néophyte aura déjà compris que l’éducation a un rôle à jouer dans le processus général de réforme de la société égyptienne, l’objectif étant donc l’affirmation d’une identité nationale et la construction d’un individu égyptien bien portant tant physiquement que mentalement, comme le répète sans cesse le Chef de l’Etat.

La réforme du système éducatif se définit comme un projet national gigantesque et de long terme. Elle repose sur des objectifs et des modalités, en mettant en place des étapes qui certes tendent à combattre l’analphabétisme et améliorer la qualité de l’enseignement, mais qui surtout s’inscrivent dans une reconstruction nationale globale où l’école doit jouer un rôle-clé.

La réforme éducative en Egypte se propose de satisfaire le besoin d’un futur meilleur, basé sur la science et le savoir. Autrement dit, former une société pluraliste, inclusive, solidaire, cultivée, participative, interculturelle...etc. Des qualités qui n’existeront pas sans une bonne éducation offerte dès le bas-âge.

En Egypte, les cursus scolaires varient selon le système éducatif. On y trouve les écoles internationales dont les subdivisons sont nombreuses : le système américain, britannique, français, allemand et récemment japonais. Les écoles gouvernementales étaient autrefois limitées à l’apprentissage de la langue arabe ainsi que des autres matières scientifiques et mathématiques aussi enseignées en langue officielle. Mais aujourd’hui, ces établissements scolaires présentent aussi un choix plus vaste. Une famille a la chance d’inscrire ses enfants dans une école gouvernementale distinguée, ou modèle, offrant une qualité d’enseignement supérieure aux autres établissements d’Etat ordinaires. Les frais sont toutefois un peu plus élevés.

Lorsque l’Egypte a voulu réformer son système éducatif, elle a décidé de s’inspirer de deux modèles mondialement reconnus réussis en la matière. Dans ce dossier, on va vous parler de l’expérience japonaise dans l’éducation et l’expérience de la Malaisie. Avant d’y passer, on vous résume en quelques points les objectifs de la réforme éducative susceptible de propulser l’Egypte au rang dont elle est digne, vu le pouvoir transformateur de l’éducation.

1. Mettre fin à la pauvreté sous toutes ses formes et partout.

2. Eradiquer la faim, garantir la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir

l’agriculture durable.

3. Garantir la santé et promouvoir le bien-être de tous, à tous les âges.

4. Assurer une éducation inclusive, équitable et de qualité et promouvoir des possibilités

d’apprentissage tout au long de la vie pour tous.

5. Parvenir à l’égalité entre les sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles.

6. Promouvoir une croissance économique soutenue, inclusive, viable, le plein-emploi

productif et un travail décent pour tous.

7. Garantir une rationalisation de la consommation d'énergie et réduire le gaspillage de

l’eau et de l’énergie en général.

8. Construire des infrastructures résilientes, promouvoir une industrialisation inclusive et

durable et encourager l’innovation.

 

L’expérience japonaise dans l’éducation

Le Japon représente l’une des plus belles réussites mondiales en matière d’éducation. Le système éducatif japonais est l’un des meilleurs au monde. Il se classe régulièrement parmi les plus performants selon le PISA de l’OCDE (L'Organisation de coopération et de développement économiques), la plus grande enquête internationale sur les compétences des élèves de 15 ans en termes de qualité des acquis, d’égalité d’accès à l’éducation et d’optimisation des ressources.

L’engagement résolu du Japon en faveur de l’éducation a nourri une croissance économique rapide dans l’après-guerre et, grâce à son capital humain de grande qualité, le pays est l’un des principaux acteurs de la production de biens de haute technologie à forte valeur ajoutée.

Dans les années 1980, le Japon pouvait se féliciter d’avoir rattrapé les nations les plus industrialisées, tant sur le plan économique qu’en termes de système éducatif. Si le Japon a aussi bien réussi dans l’éducation, c’est qu’il croit en la capacité de chaque enfant.

L’Egypte ambitionne de marcher sur les traces de son ami nippon. Des experts égyptiens se rendent au Japon pour s’inspirer de la réussite de son système éducatif.

L’Egypte tente donc de mettre à profit l’expérience japonaise en appliquant ses normes éducatives ambitieuses et claires à tous les niveaux ainsi que sa chaîne de transmission cohérente qui permet d’atteindre les objectifs visés grâce à la qualité des systèmes et pratiques pédagogiques, ainsi que des approches de l’apprentissage. D’où la construction de nombreuses écoles en Egypte sur le modèle japonais. Le Japon s’est rendu compte que le chemin vers le développement ne pourra pas passer par une langue étrangère.

L’apprentissage à l’école se fait donc en langue japonaise. Un élément indispensable repris par le ministre égyptien de l’Education qui plaide régulièrement pour l’apprentissage en langue maternelle dans les écoles, afin d’affermir l’identité nationale, d’une part, et s’orienter davantage vers l’unité arabe, de l’autre.

L’expérience malaisienne dans l’éducation Pour le gouvernement malaisien, l’éducation a un rôle central dans le développement économique de la Malaisie. Ce qui entraîne de forts investissements dans le domaine. En seulement deux décennies, la Malaisie a réussi à réformer son système éducatif en consacrant, en 2011, 3,8% de son PIB à l’éducation, soit 16% des dépenses du gouvernement. Alors que la moyenne mondiale est de 8,7%. Ce taux a considérablement grimpé en 2019.

En 2013, son Premier ministre Mahatir Mohamed s’est rendu en Egypte pour parler de l’expérience réussie de son pays en matière d’éducation, en tant que pays à majorité musulmane telle que l’Egypte, et pourtant, comparaison n’est pas raison. La société égyptienne est homogène alors que la Malaisie a rencontré certaines difficultés liées à sa diversité ethnique.

Le système scolaire malaisien dure 13 ans avant d’arriver à l’université, et non 12 ans, comme la moyenne de nombreux pays dans le monde. Il se divise en :

6 ans de primaire

3 ans de bas secondaire

4 ans de haut secondaire, qui incluent 2 ans de pré-universitaire.

A la fin de chaque niveau, les élèves sont soumis à des concours internationaux. Seuls sont sélectifs ceux qui sont admis pour accéder au système scolaire pré-universitaire et à l’université. Cependant, le gouvernement malaisien travaille sur l’équité d’accès à ces systèmes scolaires.

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